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les pérégrinations de l'ami Roger....

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La jeunesse d'un petit garçon de Roudouallec, Morbihan, Bretagne, écrite par lui-même bien humblement.

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les pérégrinations de l'ami Roger....

Revenons au Havre....

 

 

       Il faudra bientôt que j'écrive mon apprentissage de "marin", de ces jours où Joséphine et Henri, ma chère tante et le directeur de l'école, Monsieur Lajarge,  se sont ligués et ont fait des pieds et des mains pour me sauver la mise. Grand Merci à eux deux qui m'ont ouvert à la Vie! Cela semble une "grande" phrase mais s'ils n'avaient rien fait, alors je n'écrirais pas!... Grâce à eux, j'ai beaucoup appris et bien vite, mon esprit a muri. Mon oncle aussi était de la partie, qui me faisait les leçons de la vie en société en me mettant les points sur les "i"....

        A ce moment-là, je ne connaissais rien du monde marin, sauf le fait qu'il y a des bateaux qui vont sur l'eau, mais qui rentrent au port la nuit car tout simplement on n'y voit pas; et bien sûr, ça n'est pas tout à fait comme ça dans la réalité... J'ai connu "bout de bois" et "bout de fer", nos instructeurs d'Anglais, la levée des couleurs: "Marine.... France...." Il nous fallait aussi avoir des "sabots" et porter l'uniforme, ainsi que marcher au pas comme des petits soldats. Faire du sport dans la cour et sur cette plage glacée, sans oublier les digues et les galets. Tout cela constituait des moments rafraîchissants et endurcissants. Là encore, je suis un original, car tombé en dernier dans le berceau des futurs marins; tous mes camarades étaient du métier et savaient déjà naviguer!

       J'ai donc tout appris parmi les gars de Paimpol et de Douarnenez qui me regardaient godiller, petite séance de canotage de laquelle je me suis plutôt bien tiré! Dans toutes les écoles, on doit apprendre un tas de choses pour notre bien et notre avenir, et en faire profiter notre pays qui nous a si bien formé. Mais en supporterai-je toute la charge, pour la transporter toute ma vie? Donc, moi, j'ai appris! Mais comme d'habitude hélas, je n'ai pas abouti car pas de C.A.P., mais plutôt un certificat d'assiduité.... Encore une chose ratée....

       Vous savez, mon début dans la vie n'est pas des plus réussis, malgré tout ce que l'on m'a appris. Il faudra donc que j'attende encore une fois, mon avenir est indécis et je me rends bien compte qu'on ne mise guère sur moi!!! Oui mais je serai "sauvé" par une lettre de la .... C.G.T.! Non, pas la CGT que vous croyez, mais l'autre!! Et l'autre, c'est la Compagnie Générale Transatlantique....

 

le petit "Mousse"....

 

 
       J'ai donc reçu, après trois mois d'attente, une offre d'embarquement sur le paquebot que je préfère: le "Flandre". Pour embarquer, ce n'est pas si aisé, une visite médicale peut tout arrêter et il se trouve que je ne suis pas très bien "armé"... Mais enfin, me voilà accepté quand même, après toute une liste négative dans le service ADSG: agent du service général.

       La Compagnie Générale Transatlantique est une grande entreprise maritime qui gère beaucoup de paquebots de ligne qui ont un équipage nombreux et cloisonné. A présent, je suis inscrit maritime et presque un marin sous le numéro 31851. Je n'ai pas encore 15 ans! Mais dans 15 jours, je serai prêt.... Eh bien ça y est! Le grand jour est arrivé, c'est le 23 Août 1961 que j'ai "démarré" dans la vie! Voilà à peine une semaine que j'ai eu quinze ans! Je ne me sens pas très fringant parmi tous ces inconnus ni dans ce bateau où je suis perdu!

        J'ai été muni de ma tenue de "groom"; on dit mousse de sonnerie, terme qui est plus français et plus professionnel.; c'est ainsi. Me voilà dans mon pantalon marron à bande rouge, sous mon calo et mon "Spencer" rouge aux boutons de cuivre doré, sur trois rangées, et tenus par une lanière.

        J'ai aux pieds des chaussures noires réglementaires, je suis donc prêt pour officier.

       Tous les métiers ont une hiérarchie, je suis au bas de l'échelle de la vie, je vais vite grandir et évoluer. Pour commencer, on me place au Pont A, où j'ai deux garçons de cabine pour me diriger. Tout près de là se trouve le Commissaire Administratif et ses écrivains (ses secrétaires). Ce monsieur est le Préfet du bord, le censeur et l'administrateur qui envoie ses instructions à tous les officiers du bord.

 

le mousse qui observe tout....

 

 
       Le petit Roger que je suis porte donc le courrier à tous les officiers et bien sûr au 1er, le Commandant Yves Robichon, petit homme tranquille et assez sympathique, rien à voir avec le Second Capitaine Pierre Dugain, excellent manoeuvrier mais peu communicatif.

       Mousse du Commissaire, ce n'est pas rien!!! car j'ai de longues journées de travail, tôt le matin et tard le soir. La majorité à l'époque est à 21 ans; tous les mousses et matelots légers sont surveillés et protégés; c'est pourquoi l'après-midi j'ai quatre heures de sieste que je passe la plupart du temps à la passerelle où j'ai fait connaissance avec les timoniers, ces matelots spécialisés qui tiennent la barre du paquebot. Une fois, on m'a permis d'y toucher, j'ai appris à barrer; et quand le "Pacha" m'a "surpris" à la barre, eh bien il ne me l'a pas interdit! C'est ainsi que j'ai passé de bonnes après-midi à m'instruire, en essayant de ne pas réveiller le mouchard....

        Nous voilà donc en mer, vers le port de Southampton, avec ses quais pour les liners, canardiers, peninsular and oriental, et d'autres encore! On accoste en début de soirée, tout est illuminé.... Quelques heures d'escale seulement, mais suffisantes pour mes premiers achats dans la gare maritime où j'ai découvert les chocolats anglais et autres gâteries "M and Ms". Oh, je ne trouve rien d'extraordinaire dans ces "cachets" multicolores, mais sans doute faut-il en passer par là?!....

       Nous repartons par le Solent qui nous conduit à la haute mer.... Six jours et demi de traversée avant d'arriver à New-York, ses gratte-ciel, sa statue de la Liberté.... Non, pas encore de Pont Verazzano, ni de Twin Towers; ce sera pour plus tard.

 

New-York.... New-York....

 

 
       Eh bien, ça y est! "Plus tard", c'est maintenant....

       New-York, ben, ce n'était pas vraiment la carte postale que l'on pouvait voir un peu partout à cette époque-là! C'est sale, et plein de gravats. Le port et ses "piers", ses quais, entourent l'île de Manhattan, sur l'Hudson River. C'est donc ce port que je découvre, et l'on sait que les ports sont rarement de beaux quartiers, les gens qui y habitent sont simples et peu argentés. Il y a de tout, ici: Indiens, Chinois, etc.... Tous ou presque, de petits boutiquiers, des "kids", des gosses qui jouent dans le caniveau, des gargottes poisseuses où règnent les chewing-gums mâchés. C'est vraiment sale et bruyant, le boulevard longe toute la rive du port. Gosses, poubelles, gravats et ordures, avec aussi quelques trous de balles dans les murs!!! Ce n'est pas le Texas, ni Chicago d'Al Capone, mais ici ce n'est vraiment pas très beau. Déception!!!

       Allons plus loin avec les copains mais pour cela, il faut le "Sure-Life", passeport des gens de passage que je possède encore après cinquante et une années passées.... C'est une modernité, car cette carte est plastifiée.... Me voilà donc libre de circuler. Bien sûr on en profite et on fait la grande virée.

        On prend la 42ème rue, si je m'en souviens bien, en partant du pier 88, celui de la Transat, chaque compagnie ayant son point d'ancrage.... Ah, les gratte-ciel!!! Et les grosses voitures, les panneaux lumineux, la vapeur des bouches d'égoûts, et des gens partout!!! Puis nous arrivons au pied de l'Empire State Building, le plus haut gratte-ciel au Monde à cette époque-là....

       Quel dommage! Il est déjà temps de revenir à bord de notre bateau car nous devons le service à la mer encore; n'oublions pas que nous sommes mineurs! Rentrons donc au poste. Non, ce n'est pas le "poste de police", mais seulement notre chambre à coucher commune où nous sommes dix personnes tout de même! Chacun a son propre placard en métal d'acier et une table pliante aux pieds d'acier. Il y a aussi deux hublots, mais à n'ouvrir qu'au port, et avec autorisation, s'il vous plaît ! Car le poste est à moitié dans l'eau; seuls, huit millimètres d'acier nous séparent de cette eau salée. Les hublots sont donc à 1m50 au-dessus du niveau de la mer, ce qui nécessite tout de même quelques précautions. N'oublions pas non plus qu'il y a des tapes de hublots et de contre-hublots, ce sont des plaques d'acier lourdes et boulonnées. On entend bien l'écoulement de l'eau par temps calme; mais quand la mer remue un peu, ce sont des bruits sourds tout le temps.

 

 

à propos du paquebot de Roger le "FLANDRE"....

 

 

       "Le FLANDRE" est le premier de deux paquebots conçus pour la ligne des Antilles. Son navire jumeau Antilles a été mis en service en 1953.

       Au cours de sa construction, la Compagnie générale transatlantique décide de l’affecter à la ligne de New-York, en remplacement du paquebot De Grasse. Son voyage inaugural en juillet 1952 et ses premières années d’exploitation sont émaillés de nombreux incidents techniques nécessitant de longues périodes d’immobilisation. En janvier 1955, la capacité de la classe touriste est augmentée aux dépens de la 1re classe et un fumoir touriste est installé à l'arrière des superstructures.

       Après l’entrée en service du France en 1962, le Flandre est affecté à la ligne des Antilles et de l’Amérique centrale. À cette occasion, sa coque est repeinte en blanc, mais sa cheminée n’a jamais été rehaussée comme celle d’Antilles.

       Après cinq saisons complètes, le Flandre est vendu à l’armateur italien Costa fin 1967. Complètement transformé, il est remis en service comme paquebot de croisières en 1968 sous le nom de Carla C. Ses turbines sont remplacées par des moteurs diesel en 1974. Il est rebaptisé Carla Costa en 1986. En 1992, il est revendu à la Compagnie Epirotiki et rebaptisé Pallas Athena. Alors qu’il était amarré au Pirée, il est partiellement détruit par un incendie le 24 mars 1994, juste avant l’embarquement des passagers pour une nouvelle croisière.

       Il est démoli à Aliağa en Turquie en 1995.