les pérégrinations de l'ami Roger....
retour à la source....
Ah, ces hublots!.... Autorisation d'ouvrir les hublots, car le poste est à moitié dans l'eau et seuls quelques huits millimètres d'acier nous séparent de l'eau salée. Les hublots sont donc à 1m50 au-dessus du niveau de la mer, ce qui nécessite quelques précautions! Il y a des tapes de hublots et des contre-hublots, des plaques d'acier lourdes et boulonnées. On entend bien l'écoulement de l'eau par temps calme mais dans la mer formée, ce sont des bruits sourds tout le temps....
Le moment de l'appareillage est arrivé, il est plus ou moins onze heures du matin; Moran-Touring nous décolle du quai et nous voilà en route pour la petite course habituelle avec notre voisin anglais le Mauritania, plus grand, plus âgé, et à deux cheminées. Cela dure quelques heures puis nous faisons route à part....
Retour au Havre via Southampton à 22 noeuds et demi (soient 40 km/h). C'est plus facile dans ce sens-là car le vent et le courant nous poussent sur le bon chemin; ça roule un peu vent-arrière, mais c'est tout bénéfice pour nos deux hélices (hum!!) .... Dans la rivière de Southampton sont mouillés des hydravions, gros flotteurs blancs avec des ailes dans le vent.
En 1961, c'est la pleine "guerre froide" et depuis quelques semaines, un mur a été construit à Berlin, ce qui entraîne quelques manoeuvres navales autour de l'Angleterre et ailleurs. Tout ceci est impressionnant: coups de canons, hélicoptères vrombrissants nous accompagnent quelques temps....
A quai, toujours des paquebots mais les temps changent et dans quelques années, ils auront disparu, ou transformés pour la croisière, ils finiront vieux et moulus. Finissons le voyage, et arrivons au port.... Les passagers partis, on remet tout en place. Seize jours sont passés et me voilà arrivé à bon port.
Le moment de l'appareillage est arrivé, il est plus ou moins onze heures du matin; Moran-Touring nous décolle du quai et nous voilà en route pour la petite course habituelle avec notre voisin anglais le Mauritania, plus grand, plus âgé, et à deux cheminées. Cela dure quelques heures puis nous faisons route à part....
Retour au Havre via Southampton à 22 noeuds et demi (soient 40 km/h). C'est plus facile dans ce sens-là car le vent et le courant nous poussent sur le bon chemin; ça roule un peu vent-arrière, mais c'est tout bénéfice pour nos deux hélices (hum!!) .... Dans la rivière de Southampton sont mouillés des hydravions, gros flotteurs blancs avec des ailes dans le vent.
En 1961, c'est la pleine "guerre froide" et depuis quelques semaines, un mur a été construit à Berlin, ce qui entraîne quelques manoeuvres navales autour de l'Angleterre et ailleurs. Tout ceci est impressionnant: coups de canons, hélicoptères vrombrissants nous accompagnent quelques temps....
A quai, toujours des paquebots mais les temps changent et dans quelques années, ils auront disparu, ou transformés pour la croisière, ils finiront vieux et moulus. Finissons le voyage, et arrivons au port.... Les passagers partis, on remet tout en place. Seize jours sont passés et me voilà arrivé à bon port.
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dans la salle à manger du paquebot....
Voilà donc mon premier voyage TER-MI-NE ! Je rentre "à la maison".... Quelle histoire cela a dû être que de raconter cette "entrée dans la vie" dans un milieu mobile, flottant et quelques fois glissant !!! Hélas, je n'en ai plus le souvenir, mais ma cousine Dany elle doit s'en rappeler, elle qui m'a posé de multiples questions....
Il y a donc le "castor" du commissaire des cabines, mais également des "cigarettes". Rappelez-vous ces heures de sieste! Ce n'était pas "gratuit" car au service de la salle à manger des 1ères classes, il y a, en fin de service, celui des cigarettes, réservé au "castor" débutant.... Ce dernier apparaît en fin de repas avec son étal de paquets de cigares et de cigarettes portant des noms complètement inconnus mais qu'il apprendra vite en Français, en Anglais et en Espagnol, en rendant la monnaie s'il vous plaît. Pas d'euro en ce temps-là, mais des dollars, des livres et des pesetas....Toute une gymnastique de l'esprit!
Cela, c'est la partie aisée, quand les estomacs sont apaisés, mais certains jours plus "animés", les mêmes estomacs sont plutôt barbouillés. Chacun peut imaginer la suite; les vomissures dans l'escalier, avec sa rembarde de cuivre, ses murs tapissés et ses marches moquettés. Oui, ces jours de mer agitée dispersent la société, qu'ils soient en cabines, ou qu'ils se risquent dans la salle à manger.
A propos, c'est une grande salle aux murs tendus de peau de veau, au plafond élevé qui occupe toute la largeur du bateau. Une double rangées de hublots cachés derrière de fin rideaux.... Des tables rondes aux places multiples, et des fauteuils bien amarrés.
Pour ce qui est du tangage, on peut et on doit s'y faire; mais le roulis fait vaciller les gens qui marchent déjà péniblement, cahin-caha, en se cramponnant où ils peuvent. Mais l'essentiel est qu'on mange bien! Quant à la mer, elle finira bien par se calmer.
Il y a donc le "castor" du commissaire des cabines, mais également des "cigarettes". Rappelez-vous ces heures de sieste! Ce n'était pas "gratuit" car au service de la salle à manger des 1ères classes, il y a, en fin de service, celui des cigarettes, réservé au "castor" débutant.... Ce dernier apparaît en fin de repas avec son étal de paquets de cigares et de cigarettes portant des noms complètement inconnus mais qu'il apprendra vite en Français, en Anglais et en Espagnol, en rendant la monnaie s'il vous plaît. Pas d'euro en ce temps-là, mais des dollars, des livres et des pesetas....Toute une gymnastique de l'esprit!
Cela, c'est la partie aisée, quand les estomacs sont apaisés, mais certains jours plus "animés", les mêmes estomacs sont plutôt barbouillés. Chacun peut imaginer la suite; les vomissures dans l'escalier, avec sa rembarde de cuivre, ses murs tapissés et ses marches moquettés. Oui, ces jours de mer agitée dispersent la société, qu'ils soient en cabines, ou qu'ils se risquent dans la salle à manger.
A propos, c'est une grande salle aux murs tendus de peau de veau, au plafond élevé qui occupe toute la largeur du bateau. Une double rangées de hublots cachés derrière de fin rideaux.... Des tables rondes aux places multiples, et des fauteuils bien amarrés.
Pour ce qui est du tangage, on peut et on doit s'y faire; mais le roulis fait vaciller les gens qui marchent déjà péniblement, cahin-caha, en se cramponnant où ils peuvent. Mais l'essentiel est qu'on mange bien! Quant à la mer, elle finira bien par se calmer.
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direction: les Antilles....
Oui, la mer se calmera. La fête est finie. On est de trop maintenant, et place au "héros"! Comme tous les héros, il n'a encore rien fait, je raconterai son histoire après.
Eh oui! Depuis le temps où on l'attend, il a fini par arriver, ce gros bateau à deux cheminées ailées dont on devine déjà le nom. Alors nous les petits qui avons fait le boulot tout seuls, sur l'eau, quand les deux vieux navires sont partis ou sont morts démolis, on ne nous a même pas dit merci!! Nous étions pourtant bien vaillants, navigant par tous les temps, le nez dans la plume souvent et dans la brume aussi.
Mais nous devons lui laisser la place, afin qu'existe aussi ce bateau si beau. On nous dessine d'autres horizons plus chauds et ensoleillés, mais aussi, paraît-il, de moindre qualité. Enfin, au moins, nous continuerons d'exister.
Eh oui! Depuis le temps où on l'attend, il a fini par arriver, ce gros bateau à deux cheminées ailées dont on devine déjà le nom. Alors nous les petits qui avons fait le boulot tout seuls, sur l'eau, quand les deux vieux navires sont partis ou sont morts démolis, on ne nous a même pas dit merci!! Nous étions pourtant bien vaillants, navigant par tous les temps, le nez dans la plume souvent et dans la brume aussi.
Mais nous devons lui laisser la place, afin qu'existe aussi ce bateau si beau. On nous dessine d'autres horizons plus chauds et ensoleillés, mais aussi, paraît-il, de moindre qualité. Enfin, au moins, nous continuerons d'exister.
(La suite de ces précédentes lignes, ce sera pour plus tard!)
Partons à présent pour les Antilles. Cela est notre avenir et notre vie, en 1962. Cette traversée dure de 21 à 22 jours. Plus d'Angleterre, mais l'Espagne et le Portugal, Vigo et Lisbonne, toreros et porto! La Traversée est plus tranquille vers les Antilles; pas de mer démontée, mais tout de même la Golfe de Gascogne est agité.
A l'arrivée à Pointe-à-Pitre, le Monde a bien changé: tout est bruyant, vivant, coloré. Ici, contrairement à N.Y. pas de M&Ms, de hamburgers, ni de ketchup plus ou moins sucré, mais au contraire: des planteurs, des punches, des goyaves et autres bananes "plantain".
Egalement, finies les soirées habillées avec orchestre et jeux de société! Ici, tout paraît simple et plus léger. Le métier lui-aussi a changé: moins courtois, plus animé.... On baraguine plus l'Espagnol et on parle moins l'Anglais en société. Les voyageurs européens vont et viennent, et les "doudous" envahissent les ponts.
A l'arrivée à Pointe-à-Pitre, le Monde a bien changé: tout est bruyant, vivant, coloré. Ici, contrairement à N.Y. pas de M&Ms, de hamburgers, ni de ketchup plus ou moins sucré, mais au contraire: des planteurs, des punches, des goyaves et autres bananes "plantain".
Egalement, finies les soirées habillées avec orchestre et jeux de société! Ici, tout paraît simple et plus léger. Le métier lui-aussi a changé: moins courtois, plus animé.... On baraguine plus l'Espagnol et on parle moins l'Anglais en société. Les voyageurs européens vont et viennent, et les "doudous" envahissent les ponts.
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Je bouge....
Toujours à l'école, la fameuse "leçon de choses" vient m'aider; la Nature est là et elle me tient toujours longtemps après.
Je ne suis pourtant pas un compagnon du "devoir".... Encore une histoire d'église de voyageurs, cette affaire-là! Mes lectures et mes attraits ont toujours été simples et eccléctiques! Encore un mot savant qui doit signifier mélange et inconstance de connaissances! Boff....
Mais revenons à l'enfance. Je "hais" les oranges tout comme l'eau bénite; aucune liaison entre elles, mis à part que les oranges étaient rares et l'eau bénite très commune....
Je traçais donc mon bonheur à coups de talons, et puis un jour, eh bien c'est arrivé! J'ai quitté la campagne pour venir en ville où m'attendaient d'autres cultures. C'est dans la ville et le port du havre que j'ai retrouvé Malraux, Monsieur André Malraux, Ministre des Affaires Culturelles, grand voyageur du monde et investigateur, ethnologue, et assurément un homme plein de culture et de sciences.... Je n'ai lu de lui que quelques phrases réfléchies "la condition humaine".
L'autre, Ernest Hemingway,faisait de même en parlant des hommes et de leurs misères dans une écriture plus romanesque, un survol, une image, un accommodement, bien plus futil.
Au Havre, pas d'église recommandée; seulement l'école François 1er. J'ai mis du temps à savoir pourquoi, puis j'ai fini par découvrir le bassin "du Roy"....Eh bien, Le Havre des gravats et des pilotis, des barraquements en bois, des bateaux fumants, des sifflets des remorqueurs et des matelots en salade..... (à suivre!)
Je ne suis pourtant pas un compagnon du "devoir".... Encore une histoire d'église de voyageurs, cette affaire-là! Mes lectures et mes attraits ont toujours été simples et eccléctiques! Encore un mot savant qui doit signifier mélange et inconstance de connaissances! Boff....
Mais revenons à l'enfance. Je "hais" les oranges tout comme l'eau bénite; aucune liaison entre elles, mis à part que les oranges étaient rares et l'eau bénite très commune....
Je traçais donc mon bonheur à coups de talons, et puis un jour, eh bien c'est arrivé! J'ai quitté la campagne pour venir en ville où m'attendaient d'autres cultures. C'est dans la ville et le port du havre que j'ai retrouvé Malraux, Monsieur André Malraux, Ministre des Affaires Culturelles, grand voyageur du monde et investigateur, ethnologue, et assurément un homme plein de culture et de sciences.... Je n'ai lu de lui que quelques phrases réfléchies "la condition humaine".
L'autre, Ernest Hemingway,faisait de même en parlant des hommes et de leurs misères dans une écriture plus romanesque, un survol, une image, un accommodement, bien plus futil.
Au Havre, pas d'église recommandée; seulement l'école François 1er. J'ai mis du temps à savoir pourquoi, puis j'ai fini par découvrir le bassin "du Roy"....Eh bien, Le Havre des gravats et des pilotis, des barraquements en bois, des bateaux fumants, des sifflets des remorqueurs et des matelots en salade..... (à suivre!)
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sas
Poursuivons, mes chers amis, notre marche sur le port, à voir les bassins et les écluses, les "sas" comme on dit par ici au Havre.
Partout, du mouvement! Sur les quais où s'affairent les dockers, hommes rudes et bruyants. Les grues tournent et soulèvent les élinguées, ces grands filets blindés qui portent tous les colis imaginables. On voit ici le "quai des grumes" et un peu plus loin, celui où a été tourné le film "Quai des Brumes", avec Michèle Morgan et Jean Gabin. Une autre vie du temps d'avant....
Tous ces bateaux en mouvements créent quelques dérangements, surtout lorsque la mer monte comme eux vers les bassins à flots dans lesquels il n'y a pas de marnage. Mais ils y restent enfermés jusqu'aux prochaines marées, qui pourront bien les libérer! Toujours accompagnés par les "Abeilles" et leurs nuages de fumée, qui vont et viennent à toute heure....
Marchons encore un peu car plus loin d'ici, on aperçoit la gare maritime, bâtie pour les voyageurs toujours au temps de la vapeur. On note encore beaucoup de vie au pied de ces grands paquebots: des valises, des malles, des colis que portent des hommes en treillis, les "porteurs" de ces voyageurs.
Plus de vie, oui, mais moins de bruit! Ce sont des hommes, pas des colis qui pourraient faire du bruits en se heurtant. Mais tout cela est passager, tout redevient calme et apaisé quand les voyageurs sont partis. Ici encore, les Abeilles et leurs sifflets à vapeur ordonnent et accompagnent les manoeuvres du départ....
Abeilles, cargots et paquebots, tous naviguent sur les flots!....
Partout, du mouvement! Sur les quais où s'affairent les dockers, hommes rudes et bruyants. Les grues tournent et soulèvent les élinguées, ces grands filets blindés qui portent tous les colis imaginables. On voit ici le "quai des grumes" et un peu plus loin, celui où a été tourné le film "Quai des Brumes", avec Michèle Morgan et Jean Gabin. Une autre vie du temps d'avant....
Tous ces bateaux en mouvements créent quelques dérangements, surtout lorsque la mer monte comme eux vers les bassins à flots dans lesquels il n'y a pas de marnage. Mais ils y restent enfermés jusqu'aux prochaines marées, qui pourront bien les libérer! Toujours accompagnés par les "Abeilles" et leurs nuages de fumée, qui vont et viennent à toute heure....
Marchons encore un peu car plus loin d'ici, on aperçoit la gare maritime, bâtie pour les voyageurs toujours au temps de la vapeur. On note encore beaucoup de vie au pied de ces grands paquebots: des valises, des malles, des colis que portent des hommes en treillis, les "porteurs" de ces voyageurs.
Plus de vie, oui, mais moins de bruit! Ce sont des hommes, pas des colis qui pourraient faire du bruits en se heurtant. Mais tout cela est passager, tout redevient calme et apaisé quand les voyageurs sont partis. Ici encore, les Abeilles et leurs sifflets à vapeur ordonnent et accompagnent les manoeuvres du départ....
Abeilles, cargots et paquebots, tous naviguent sur les flots!....
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