les pérégrinations de l'ami Roger....
Le Havre, été 1957... ( Vendredi 26 Juillet 2013 )
>>>> Mardi 5 Juin 2012.
Encore des écritures pour "mon" blog! Je n'ai que l'embarras du choix et de mes multiples vies d'errance sous surveillance. Hé oui! Gamin à la campagne, ado à la ville-port, et la suite qui sera là très tôt. Découverte d'une nouvelle vie, école, famille, amis, bateaux, plages, la mer et le vent tout le temps. N'oublions pas la pluie!....
Encore des écritures pour "mon" blog! Je n'ai que l'embarras du choix et de mes multiples vies d'errance sous surveillance. Hé oui! Gamin à la campagne, ado à la ville-port, et la suite qui sera là très tôt. Découverte d'une nouvelle vie, école, famille, amis, bateaux, plages, la mer et le vent tout le temps. N'oublions pas la pluie!....
Le Havre....
La grande ville m'attend; c'est aussi un grand port mais je ne le sais pas encore car le temps presse; l'école d'abord! Ici, il y a plein de gens, des gravas et des barraques en bois. Je ne sais pas pourquoi. J'ai peu de souvenirs de mes premières semaines dans le quartier de La Mailleraye (Amiral, de son métier). J'habite "dans" le chantier naval Augustin Normand, côté bois, avec des canots et des grumes énormes.
De l'autre côté de la rue La Mailleraye, c'est le grand chantier des bateaux en acier que je découvrirai après. Donc, nous occupons le deuxième et le troisième étages. Au deuxième, notre chambre, celle de ma cousine Dany et de moi, avec vue sur les bateaux en bois. Au troisième étage, mon Tonton, ma Tata, la Direction de la famille, avec vue sur la mer, calme ou tourmentée et qui dans ce cas nous arrose de ses embruns salés.
Hé oui! La mer est toute proche et quand il y a une tempête, la rue est bien mouillée; ce qui fait que pour aller dans ma nouvelle école, on patauge quelquefois, mais c'est comme ça!... Je parlerai peu de l'école car ce n'est pas vraiment le lieu où je m'exprime le mieux. Dans la classe de mon bourg breton, je tenais bien ma place près du poële à bois et regardais de loin l'estrade de l'instituteur, et les premiers de la classe à la belle écriture et aux cahiers bien ordonnés.
Ici, ça n'a pas beaucoup changé; il n'y a plus de poële pour me protéger. Les tables sont plus nombreuses et les concurrents plus exercés. Suivons donc le cours du temps. Tout de même, quelque chose a bien changé: cette école est faite de barraques en bois!
Maintenant, on me refait une éducation "civile" avec des façons d'être et de parler. Cela n'est pas le bagne mais c'est plus carré. Je n'ai pas de bonnes dents; manque d'hygiène, parait-il, assurément....Alors intervient le troisième élément, celui qui pique son fer ardent, l'aiguillon, le fouet ardent qui ne vous lâche pas un instant. Dany, ma chère cousine, ne veut que mon bien (mon bien-être) mais dans sa candeur juvénile, elle ne sait pas trop comment l'exprimer. Alors je vais pâtir de tous ses tâtonnements ratés.
Je garde un amer souvenir d'une séance de brossage de dents avec un dentifrice particulier, donné cependant avec beaucoup de bonne volonté. Las!!.... A cette époque, les produits d'entretien ne sont pas très distincts! Il en existe pour les dents, cheveux, visage et mains. Mais aussi pour les vitres, la vaisselle et les chaussures. Certaines de celles-ci sont blanches ou beiges et en toile qu'il faut entretenir. Mais Dany est jeune et innocente, ce qui l'empêche de juger; et donc ce jour-là, j'ai testé pour elle SUR MES DENTS AFFAIBLIES LE BARANE BLANC, CE CIRAGE DESTINE AUX CHAUSSURES D'ETE ! ! .....
Ma grande innocence s'est soudain réveillée car sur le pas de la porte et toute émoustillée, la jolie Dany avait compris qu'elle s'était trompée! Je me réjouis de cette journée qui aurait pu être fatale à l'un comme à l'autre, l'une morte de rire et l'autre, mort intoxiqué!!
De l'autre côté de la rue La Mailleraye, c'est le grand chantier des bateaux en acier que je découvrirai après. Donc, nous occupons le deuxième et le troisième étages. Au deuxième, notre chambre, celle de ma cousine Dany et de moi, avec vue sur les bateaux en bois. Au troisième étage, mon Tonton, ma Tata, la Direction de la famille, avec vue sur la mer, calme ou tourmentée et qui dans ce cas nous arrose de ses embruns salés.
Hé oui! La mer est toute proche et quand il y a une tempête, la rue est bien mouillée; ce qui fait que pour aller dans ma nouvelle école, on patauge quelquefois, mais c'est comme ça!... Je parlerai peu de l'école car ce n'est pas vraiment le lieu où je m'exprime le mieux. Dans la classe de mon bourg breton, je tenais bien ma place près du poële à bois et regardais de loin l'estrade de l'instituteur, et les premiers de la classe à la belle écriture et aux cahiers bien ordonnés.
Ici, ça n'a pas beaucoup changé; il n'y a plus de poële pour me protéger. Les tables sont plus nombreuses et les concurrents plus exercés. Suivons donc le cours du temps. Tout de même, quelque chose a bien changé: cette école est faite de barraques en bois!
Maintenant, on me refait une éducation "civile" avec des façons d'être et de parler. Cela n'est pas le bagne mais c'est plus carré. Je n'ai pas de bonnes dents; manque d'hygiène, parait-il, assurément....Alors intervient le troisième élément, celui qui pique son fer ardent, l'aiguillon, le fouet ardent qui ne vous lâche pas un instant. Dany, ma chère cousine, ne veut que mon bien (mon bien-être) mais dans sa candeur juvénile, elle ne sait pas trop comment l'exprimer. Alors je vais pâtir de tous ses tâtonnements ratés.
Je garde un amer souvenir d'une séance de brossage de dents avec un dentifrice particulier, donné cependant avec beaucoup de bonne volonté. Las!!.... A cette époque, les produits d'entretien ne sont pas très distincts! Il en existe pour les dents, cheveux, visage et mains. Mais aussi pour les vitres, la vaisselle et les chaussures. Certaines de celles-ci sont blanches ou beiges et en toile qu'il faut entretenir. Mais Dany est jeune et innocente, ce qui l'empêche de juger; et donc ce jour-là, j'ai testé pour elle SUR MES DENTS AFFAIBLIES LE BARANE BLANC, CE CIRAGE DESTINE AUX CHAUSSURES D'ETE ! ! .....
Ma grande innocence s'est soudain réveillée car sur le pas de la porte et toute émoustillée, la jolie Dany avait compris qu'elle s'était trompée! Je me réjouis de cette journée qui aurait pu être fatale à l'un comme à l'autre, l'une morte de rire et l'autre, mort intoxiqué!!
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Vu du Port....
Changeons de sujet et parlons un peu. "Parler" consiste à s'exprimer oralement, mais ce n'est pas égal à la ville, ni aux champs. Ici, paraît-il, je parle trop fort et je dois faire un effort pour baisser d'un ton. Auparavant, c'était le contraire et j'entendais tout le temps: "Parle plus fort!" Les mots s'envolent dans la campagne pour atteindre au loin les gens, tout comme les cloches qui donnent l'heure du moment.En ville, rien de tout cela! Les gens sont proches, on ne crie pas.Ici, pas de cloches de ralliement, quelques sirènes et des sifflets qui marquent l'ordonnancement. Heureusement passent les bateaux appelés "les Abeilles", allant chercher et ramenant les vieux cargos tout fumants qui rentrent donc au port tranquillement.
Le quartier de La Mailleraye, ou du Kerrey, est en pleine ébullition. Ici, tout est gravas et mortiers, fers et pilons. Presque tout ici est sur pilotis car il faut bien faire une assise pour tout ce qui sera bâti. Il y a aussi un "truc" bizarre qui intrigue les gens; c'est du côté des "Abeilles" où il n'y a guère de constructions. Cette chose est ronde et pointue, c'est l'attraction du bout de la rue. Monsieur André Malraux, Ministre des Affaires Culturelles, nous a fait ce beau cadeau, merveilleuse cerise devant les bateaux et ça s'appelle: "l'oeil qui regarde la mer"....
Restons auprès des "Abeilles", ces remorqueurs noirs et fumants. Il y a ici beaucoup de gens qui pêchent ou se promènent dans le vent. Tout ici va tranquillement....Marchons encore un peu pour regarder les "ferries"; il y en a deux habituellement: le Falaise et le Normania, jaune et noir, et anglais comme il se doit. De tout petits bateaux dans lesquels entrent les autos sur des plateaux. Il y a aussi dans l'avant-port les bateaux bases de pilotes qui portent tous des noms gracieux "Françoise" et "Marie de Grâce". L'autre n'est pas d'ici, mais de Rouen, un autre monde bien lointain et qu'on appelle ici des "Arouanais"!!! C'est l'époque où il est encore possible de se promener sur les quais le long des bassins, se risquer à prendre une photo noir et blanc, debout sur la coupée d'un bateau à quai. Chose impossible à faire maintenant où tout n'est que liberté sous conditions.
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sur le port encore....
Poursuivons notre marche sur le port, voir les bassins et les écluses, les sas comme on le dit ici. Il y a partout du mouvement; sur les quais où les dockers s'affairent, hommes rudes et bruyants; les grues tournent et soulèvent les élinguées, ces grands filets blindés qui portent tous les colis inimaginables! Il y a ici le quai des grumes et guère plus loin, celui où a été tourné "Quai des Brumes", Michèle Morgan et Jean Gabin, une autre vie du temps d'avant.
Tous ces bateaux en mouvement créent quelques dérangements, surtout quand la mer monte comme eux vers les bassins à flots où il n'y a pas de marnage. Mais ils y restent enfermés jusqu'aux prochaines marées qui pourront bien les libérer.... Toujours accompagnés par les "Abeilles" et leurs nuages de fumée qui vont et viennent à toute heure.
Marchons encore un peu car plus loin d'ici, se trouve la Gare Maritime, faite pour les voyageurs toujours au temps de la vapeur. Il y a encore beaucoup de vie au pied de ces grands paquebots, des valises, des malles et des colis que portent des hommes en treillis qui sont porteurs des voyageurs.
Tous ces bateaux en mouvement créent quelques dérangements, surtout quand la mer monte comme eux vers les bassins à flots où il n'y a pas de marnage. Mais ils y restent enfermés jusqu'aux prochaines marées qui pourront bien les libérer.... Toujours accompagnés par les "Abeilles" et leurs nuages de fumée qui vont et viennent à toute heure.
Marchons encore un peu car plus loin d'ici, se trouve la Gare Maritime, faite pour les voyageurs toujours au temps de la vapeur. Il y a encore beaucoup de vie au pied de ces grands paquebots, des valises, des malles et des colis que portent des hommes en treillis qui sont porteurs des voyageurs.
Plus de vie, mais moins de bruit,
Ce sont des hommes et pas des colis.
Ce sont des hommes et pas des colis.
Mais tout ceci est passager, tout redevient calme et apaisé quand les voyageurs sont partis. Ici encore, les "Abeilles" et leurs sifflets à vapeur qui ordonnent et accompagnent les manoeuvres du départ....
"Abeilles", cargots et paquebots,
Tous naviguent sur les flots....
Tous naviguent sur les flots....
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le rêve bleu....
Roger marche sur le port,
Sinon chez lui il s'endort...
Le Havre, il connait fort bien,
Il y flaire chaque coin.
Il y a vécu longtemps
Avec sa belle Maman.
Toute une vie au bord de l'eau,
Pas forcément un cadeau.
Roger a tout visité
Dans ce port désenchanté.
Tous ces bateaux en partance,
C'est la nostalgie de France.
Notre ami le doux rêveur
De ces grues n'a jamais peur;
Par ses yeux équarquillés,
De ces treuils a tant rêvé!
Il n'avait guère de copains,
Préférant sa solitude.
Pourtant ce petit gars bien
Souriait par habitude.
Il souriait aux oiseaux
De mer, en surface de l'eau
Qui volaient rapidement
En direction du Levant.
Roger serait bien parti
Avec eux vers d'autres cieux.
Mais sa mère lui a dit:
"A Le Havre, on est bien mieux."
Tout rempli de nostalgie,
A présent Roger s'ennuie.
Son esprit est plein de rêves
Avant que sa vie s'achève.
poète breton méconnu du XXIème siècle
" Poème d'eau pour Roger Bernard"
Sinon chez lui il s'endort...
Le Havre, il connait fort bien,
Il y flaire chaque coin.
Il y a vécu longtemps
Avec sa belle Maman.
Toute une vie au bord de l'eau,
Pas forcément un cadeau.
Roger a tout visité
Dans ce port désenchanté.
Tous ces bateaux en partance,
C'est la nostalgie de France.
Notre ami le doux rêveur
De ces grues n'a jamais peur;
Par ses yeux équarquillés,
De ces treuils a tant rêvé!
Il n'avait guère de copains,
Préférant sa solitude.
Pourtant ce petit gars bien
Souriait par habitude.
Il souriait aux oiseaux
De mer, en surface de l'eau
Qui volaient rapidement
En direction du Levant.
Roger serait bien parti
Avec eux vers d'autres cieux.
Mais sa mère lui a dit:
"A Le Havre, on est bien mieux."
Tout rempli de nostalgie,
A présent Roger s'ennuie.
Son esprit est plein de rêves
Avant que sa vie s'achève.
poète breton méconnu du XXIème siècle
" Poème d'eau pour Roger Bernard"
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C'est mon quartier....
le Musée de la Vie Romantique |
L'école, ce n'est pas la croix ni la bannière; mais il faut dire que je rame un peu. Ici, pas de chevaux ni de vaches laitières, et je ne trouve plus mes jeux sur les talus ou dans la rivière. A la maison, il y a le travail scolaire qui consiste en majorité à réviser la grammaire et le calcul élémentaire. Moi, je préfère réciter et je peine dans les dictées. Les rédactions sont plus aisées car les fautes sont oubliées.
C'est encore ce qui me sauve aujourd'hui en ce pluvieux après-midi du jeudi où j'écris sous d'autres repères que ceux de mes souvenirs non écrits; ça patine un peu car dehors il y a du bruit et la "Nouvelle Athènes"le quartier de Paris où je suis, est bien envahi.
Je vais un peu parler de lui et de St-Georges tout à côté qui nous crée tout ce bruit. Un peu plus haut et perdu près des bus et du métro se trouve le petit "jet d'eau" de Pigalle qui n'est plus qu'un souvenir guilleret avec, un peu plus loin, le "Moulin Rouge" du French CanCan.... Mais ceci appartient plutôt à la vie montmartroise bien plus connue.
La Nouvelle Athènes est un îlot de maisons de maîtres avec parcs et jardins car à l'époque des cantatrices d'opéras du Palais Garnier et d'autres de ce genre-là, beaucoup d'entre elles vivaient par là. La rue des Dames, le musée Gustave Moreau et celui de la Vie Romantique se trouvent proches de chez moi. Je parlais d'Opéras: les artistes morts qui vivaient là sont enterrés un peu plus loin dans le Cimetière de Montmartre qui est, ma foi, bien fréquenté de Morts et d'Histoire. C'est ainsi qu'on y trouve, entre des vieilles tombes fort anciennes et dans la partie la plus haute du cimetière, la dernière demeure de la belle Dalida.
C'est encore ce qui me sauve aujourd'hui en ce pluvieux après-midi du jeudi où j'écris sous d'autres repères que ceux de mes souvenirs non écrits; ça patine un peu car dehors il y a du bruit et la "Nouvelle Athènes"le quartier de Paris où je suis, est bien envahi.
Je vais un peu parler de lui et de St-Georges tout à côté qui nous crée tout ce bruit. Un peu plus haut et perdu près des bus et du métro se trouve le petit "jet d'eau" de Pigalle qui n'est plus qu'un souvenir guilleret avec, un peu plus loin, le "Moulin Rouge" du French CanCan.... Mais ceci appartient plutôt à la vie montmartroise bien plus connue.
La Nouvelle Athènes est un îlot de maisons de maîtres avec parcs et jardins car à l'époque des cantatrices d'opéras du Palais Garnier et d'autres de ce genre-là, beaucoup d'entre elles vivaient par là. La rue des Dames, le musée Gustave Moreau et celui de la Vie Romantique se trouvent proches de chez moi. Je parlais d'Opéras: les artistes morts qui vivaient là sont enterrés un peu plus loin dans le Cimetière de Montmartre qui est, ma foi, bien fréquenté de Morts et d'Histoire. C'est ainsi qu'on y trouve, entre des vieilles tombes fort anciennes et dans la partie la plus haute du cimetière, la dernière demeure de la belle Dalida.
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