les pérégrinations de l'ami Roger....
de Brest à Dunkerque . . . . (3)
Je navigue . . . .
Au pied du mur, on voit le maçon; et de la mâture,
le passager bien embrouillé.
Nous voilà enfin partis, et la brigantine est hissée. C'est une première prise en main qui aide à se faire des copains. Ce matin, le vent a forci et l' "Abeille" a appareillé dans le bruit et la fumée vers Ouessant monter la garde en cas d'ennui. Mais revenons à nos moutons. Ils sont nombreux et vigoureux. Pas question de mettre à la voile, ce serait long et périlleux jusqu'à la Pointe Saint-Mathieu. La risée Volvo, c'est mieux, mais avec les embruns pleins les yeux.
Les filles restent sur le pont et papotent avec les garçons. Les matelots sont bien heureux d'avoir ainsi parmi eux des filles très intéressées par leur beau et rude métier. Quant à moi, j'ai un peu vieilli et même si j'ai bourlingué, je ne suis plus jeune gabier. Alors tranquille dans le carré, je teste ma combativité, être malade ou résister; tout ça m'éloigne de ces beautés.
Sur le pont, je suis remonté car j'étais bien amarriné mais il était bien mouillé et tout le monde en ciré, sauf la fille au teint bronzé qui était frigorifiée. Après Saint-Mathieu, nous avons viré, et les voiles ont été hissées, puis le moteur s'est arrêté. Est arrivée l'heure de manger. Passons à l'apéro d'abord pour parfaire l'unité. Cependant nous avons à bord un matelot qui est aussi cuisinier.
" C'est prêt pour qui veut manger! "nous annonce-t-il du carré. Nous ne sommes guère à profiter de ce repas en communauté. Nous faisons route vers l' Aber Wrak où ce soir nous devons mouiller....
à suivre . . . . Roger Bernard, Roudouallec - Paris.
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de Brest à Dunkerque . . . . (4)
J'observe . . . .
Pour l'instant, en croisant Portsall avec 30 à 40 noeuds de vent avec trinquette et hunier, 8 à 10 noeuds on peut filer. Nous sommes bientôt arrivés, les petits "pots de beurre" sont doublés; sur le coffre, on peut s'amarrer. C'est la fin de l'après-midi et on peut tirer une bordée, boire une bière à la terrasse d'un café.
Les canards.
C'est là que je les ai vus! Quelques canards très affairés à chipoter de l'herbe un peu dessèchée.
" Que font-ils là, abandonnés?! " me dis-je, comme d'autres stupéfiés.
Mais voilà qu'une porte s'ouvre et nos canards semblent très attentionnés:
" on rentre! "
dit l'homme avec fermeté. Et notre troupe d'anatidés traverse la route au pas cadencé, en cancannant, leurs derrières se trémoussant....
Ceci est une brève histoire; mais des canards sur un trottoir???? Deux matelots dans un café font des courses pour nous ravitailler; il y a là le cuisinier et le mécanicien, son associé. Ils parlent du repas du soir, des huîtres, des araignées.... Nous devons remonter à bord et retrouver notre tranquilité. Il y a de bonnes choses à manger....
à suivre.... Roger BERNARD, Roudouallec - Paris.
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de Brest à Dunkerque . . . . (5)
Je hisse . . . .
Après cette première journée, nos estomacs sont affamés, car le repas de midi n'était pas très bien accueilli. Nous étions pourtant bien servis de saucisses aux châtaignes et de melons nantais aussi.; il fallait être amarrinés pour que tout soit apprécié. Ce soir, nous faisons bombance avec Franck le cuisinier; on voit qu'il a du métier car tous les plats sont présentés et tout aussi décorés. Aujourd'hui, c'est lundi matin et nous avons tous bien dormi avec nos ventres rebondis.
Le vent lui-aussi a molli. Le bateau berce son gréement, il reste 15 noeuds de vent.Le moteur commence à ronronner car la sortie n'est pas aisée, l'endroit est bien mal pavé et les brisants très présents. Nous sommes sur le pont maintenant, attendant les commandements. Il y a des voiles dans le gréement qu'il faut hisser complètement.La brigantine a besoin de bras comme la trinquette et le hunier et la misaine qu'il faut border. Restent les focs et le perroquet, le flèche aussi est à hisser. Toutes les voiles établies, nous avons un moment de répit et le moteur s'est endormi.
La journée est ensoleillée et sur le pont, dans ma vareuse, je m'assoupis. Notre belle coque qui n'est pas lourde glisse vite sur les flots. Pour le repas de midi, pintade en sauce aux abricots, un vrai régal pour matelots. Alors ne soyons pas surpris d'être toujours assoupis! Mais voilà qu'arrive la pétole et toutes les voiles sont amolies. Pour le moteur c'est reparti; il ronronnera toute la nuit.
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de Brest à Dunkerque . . . . (6)
je l'ai vu . . . .
Et voilà le repas du soir, où seul manque le caviar. Je n'en peux plus, je suis repu, lesté; et je m'inscris au quart de nuit.9 Mardi.... c'est encore la pétole, on a beau siffler longtemps, il n'y a pas de vent, ni dauphin, ni fou de bassan. C'est une croisière gastronomique que ce voyage où je suis inscrit. Semoule d'épautre et canard en croûte, rôti de porc au miel et aux abricots.
Survient le vent, on se dépêche! Nous voilà tous sur le pont. Toutes les voiles sont hissées haut, il en reste une qui traîne sur le pont. Cette voile a un drôle de nom, on dit "le" flèche, mais c'est une voile à la con. Pour l'envoyer, c'est tout un sport, elle n'a qu'un drisse et des bras volants. Sur le grand mât, elle a de la gueule quand elle prend bien le vent Mais au moment de l'affaler, veille à ne pas être assommé! Enfin le moteur est arrêté, c'est le moment d'en profiter. Pour le voir, c'est toute une histoire car l'endroit est protégé, où le mécanicien est seul autorisé.
Alors vers lui, je me suis courbé et sur le pont, j'ai rampé, tendu les bras pour l'implorer; et enfin, j'y suis arrivé. Je voulais voir ce moteur-là qui ronfle presque autant que moi; et enfin il est là!!!! Je vois le Volvo Renta. Il n'est pas seul car autour de lui, il y a des tuyauteries....Les unes pour les eaux usées, et d'autres, pour les purifiées!....
à suivre encore un peu. . . . Roger Bernard, Roudouallec - Paris.
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